Catalogue de l'exposition « Des surréalistes à la NRF. Des livres, des rêves et des querelles »

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Catalogue de l'exposition « Céline, les manuscrits retrouvés ».

L’exposition « Des surréalistes à la NRF. Des livres, des rêves et des querelles », proposée du 5 septembre au 12 octobre 2024, s’inscrit dans le cadre du centenaire de la parution du Manifeste du surréalisme d’André Breton.

Conçue par le service historique des Éditions Gallimard, elle présente des archives inédites de la maison d’édition, ainsi qu’une sélection de livres et de documents rares (manuscrits, dessins), en provenance de collections privées et publiques, se rattachant aux oeuvres de Breton, Aragon, Crevel, Reverdy, Eluard, Desnos, Char... et des réactions qu’elles ont provoquées.

« André Gide est avec nous » ! Le jeune André Breton est fier de l’annoncer en ce printemps 1919 à Tristan Tzara, maître Dada, alors même que se lance la revue Littérature qui deviendra le support officiel du mouvement surréaliste en France. Cet heureux parrainage, appuyé par celui de Paul Valéry, fait de La Nouvelle Revue française, déjà haut lieu de la reconnaissance et de la création littéraires en France, un point d’attache pour cette nouvelle génération d’écrivains sortis de la guerre et impliqués dans l’une des voies les plus radicales qu’aient jusqu’alors empruntées les belles-lettres. 

Disponible à l’avant-garde, et surtout attachée à en comprendre la généalogie moderne (Rimbaud, Mallarmé, Apollinaire, Max Jacob…), La NRF va chercher à intégrer Dada dans une histoire critique de la littérature – sans complaisance aucune –, tout en oeuvrant à s’attacher les jeunes Dadas, et bientôt surréalistes, que sont Breton et Aragon dans ses colonnes ; puis, avec l’appui enthousiaste de Gaston Gallimard, dans le catalogue des Éditions de la NRF – ce qui donnera lieu à la publication durant l’entre-deux-guerres de quelques chefs d’oeuvre (Nadja, L’Amour fou, Le Paysan de Paris, Capitale de la douleur…). 

Cette manière d’intronisation, qui se joue dès 1920, fera grincer des dents quelques aînés ; et bien qu’ils trouvent un appui interne solide avec Jean Paulhan, les surréalistes ne manqueront pas de dynamiter de l’intérieur cet adoubement, craignant plus que tout la normalisation de leur entreprise séditieuse. Les provocations et querelles se succèdent jusqu’à l’improbable publication, par Gallimard, de ce Traité du style d’Aragon où le poète abandonne toute retenue à l’égard de ces aînés. Mais c’est sur le terrain politique, et non pas seulement esthétique, que la ligne de fracture se fera plus profonde, voire irréductible pour certains. Les insultes fusent, on se provoque en duel ; la primauté donnée au rêve, à la poésie et à l’amour n’exclue pas la lutte sociale, au-delà des mots. 

Pour la NRF, la littérature ne peut pas se mettre au service de la Révolution, ce que les surréalistes, se ralliant au projet communiste, prétendront eux faire, conformément à leur projet de changer la vie, changer le monde. Et à leur manière, d’être au-delà de la littérature sans jamais la quitter.

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