CLET est né en 1966. Il est diplômé de l’École des beaux-arts de Rennes et vit entre la Bretagne et l’Italie. Il détourne, par le truchement de stickers discrets, les panneaux de signalisation qu’il voit comme un symbole de l’autorité. À première vue, ses détournements frappent d’abord par leur fantaisie et leur inventivité. « Mon travail fait sourire d’emblée. J’essaye de rester universel, et immédiatement compréhensible. Mais je cherche un équilibre entre la légèreté que cet humour dégage et une certaine gravité. » On peut découvrir ses traits d’humour dans le monde entier, de Paris à Tokyo en passant par Londres, New York, Rome... ISAAC CORDAL, né en 1974, est un artiste espagnol originaire de Pontevedra en Galice. Son travail comprend la sculpture et la photographie en immersion dans l’environnement citadin. Grinçantes et parfois poignantes, ses oeuvres sont teintées d’une inquiétude profonde. On lui doit de nombreuses installations à petite échelle, où des lilliputiens de béton se trouvent aux prises avec l’absurde. Il privilégie les hommes en costume et attaché-case, comme des condensés de solitude urbaine. Le comique chez lui est féroce. « Nous vivons, dit-il, des temps agités, pleins d’incertitudes, l’art est pour moi une stratégie de lutte pour comprendre le monde que nous avons créé et si possible le changer. »
Duo de peintres à la ville comme à la scène, ELLA & PITR commencent à coller leurs dessins sur les murs de Saint-Étienne en 2007. Connus pour leurs géants endormis qu’ils peignent aux quatre coins du globe, ils oeuvrent aussi sur toile, béton, céramique... Mais dedans comme dehors, ils déclinent le même univers fantasque et clownesque, reconnaissable entre tous. Leurs personnages, plus grands ou petits que nature, saugrenus ou poignants, espiègles et irrésistibles, nous invitent « à explorer le monde avec un regard laissé intact, préservé de la routine pesante de la vie. »1 Beaucoup de leurs créatures composent des portraits à la gaieté irrésistible. « Si notre humour avait une couleur, il serait dans les tons rouges, comme le nez des clowns ! » plaisante Ella. Ella & Pitr sont représentés par la galerie Le Feuvre & Roze à Paris. 1 Martyn Reed, Fondateur du NuArt Festival.
Né en 1957, JEF AEROSOL vit et travaille à Lille depuis 1984. Issu de la première vague d’art urbain, il commence à poser ses pochoirs en 1982. Depuis, il a sillonné de nombreux pays pour y peindre ou coller ses personnages, souvent représentés à l’échelle 1. Son travail est désormais caractérisé par l’usage important du noir et blanc à l’exception de cette fameuse flèche rouge, marque de fabrique et « élément perturbateur » ! Ses oeuvres sont visibles dans de nombreuses expositions en galeries et musées, festivals, ventes publiques et événements internationaux. Jef Aérosol délivre un message humaniste et poétique qui rend son travail universel et intemporel, toujours à la convergence de la réflexion et de l’émotion. Il est représenté par la galerie Mathgoth à Paris.
Née en 1991, LA DACTYLO est, au civil, photographe. Il y a quelques années, elle a ouvert un compte Instagram où elle ciselait des bribes de phrases en chantier, avant de passer à l’acte dans la rue, en inscrivant sur les murs des pochoirs textuels signés de son blaze de secrétaire 2.0. Désormais suivie par près de trente mille abonnés et sollicitée par de nombreuses commandes locales, elle sillonne l’Hexagone pour y poser ses formules tour à tour poétiques, inquiètes ou malicieuses, tentant ainsi, dit-elle, « de mettre en mots l’absurdité du monde. » Elle a récemment publié aux éditions Verticales, Démo d’esprit, aphorismes et autres prismes.
Né en 1988, LEVALET, de son vrai nom Charles Leval, a étudié les arts visuels à Strasbourg. Parallèlement à l’obtention de son agrégation d’arts plastiques, il commence en 2012 à coller ses saynètes incongrues dans les rues de Paris. Généralement réalisées à l’encre de Chine sur papier kraft, elles soulignent l’absurdité qui se dégage parfois du quotidien… Marqué entre autres par le cinéma burlesque, Levalet insuffle au comique de situation une dimension poétique et rêveuse. Il affectionne les personnages lunaires et loufoques, les égarés en tout genre. « J’aime rendre le réel un peu irréel en le faisant interagir avec un élément fictionnel, et inversement », explique-t-il.
| MADAME est née en 1982. Après avoir été comédienne et scénographe, elle se passionne pour l’art urbain depuis 2010. À partir de vieilles photographies du siècle dernier, elle crée de nouveaux visuels où l’image s’accompagne toujours d’une phrase courte, teintée d’humour et de tendresse. Ces petits collages sont ensuite scannés, imprimés en très grand format et apposés dans l’espace public offrant une porte ouverte vers un imaginaire décalé, ludique, avec néanmoins, dixit l’artiste, « le désir inavouable de faire par-delà le rire, réfléchir sur des sujets plus graves et fondamentaux de notre temps ». Pour Madame, la rue est partie intégrante de sa démarche, toutes les pièces qu’elle crée y sont d’abord affichées avant d’être exposées en galeries. MISS.TIC, née en 1956, grandit sur la Butte Montmartre. Après avoir vécu un temps à l’étranger, elle revient en France et fait d’un dépit amoureux une source d’inspiration. Le pochoir et la bombe aérosol deviennent sa technique de prédilection, et les murs son support. Miss.Tic est la première femme identifiée et reconnue en matière d’art urbain en France. Dans chacun de ses pochoirs, elle allie à des silhouettes féminines, de courts poèmes sous forme de jeux de mots, aussi engagés que lyriques. Cette silhouette qui les accompagne – peut-être son double –, est résolument aguicheuse mais le texte introduit davantage de profondeur, d’ambiguïté et de complexité dans la représentation de la figure féminine qui est offerte au regard. Miss.Tic poursuit sa pratique jusqu’à sa disparition en 2022.
RERO est né en 1983. Il commence la pratique du graffiti dans les années 2000. Fortement imprégné de philosophie et de sociologie, il ne cesse depuis, à travers toutes ses oeuvres et quel qu'en soit le support, de questionner notre société sans jamais juger mais en nous mettant en position de le faire. Les messages énigmatiquement barrés, à la typographie uniforme, sont devenus la signature de cet artiste qui fonde ses recherches plastiques sur la négation de l’image et sa polysémie potentielle. « Il s’agit, dit-il, de multiplier le sens de la lecture. Est-ce que c’est vrai ? Est-ce que c’est l’inverse ? Est-ce que je suis revenu sur ce que j’ai dit ? S’agit-il d’une censure ? Maintenant, j’en viens à oublier que ça peut même dire ce qui est barré ! » Rero est représenté par la galerie BackSlash à Paris.
Julien Malland dit SETH est né à Paris en 1972. Diplômé de l’École nationale des arts décoratifs, il commence à peindre à la bombe au milieu des années 1990. En 2000, il publie avec Gautier Bischoff Kapital, un livre référence sur le graffiti parisien. Trois ans plus tard, il part faire un tour du monde, partageant au fil de son voyage des collaborations avec des street artistes issus de cultures différentes. Une expérience qui donnera notamment lieu à une série de reportages sur l’art urbain pour l’émission Les Nouveaux Explorateurs. Il est depuis devenu célèbre pour son univers poétique peuplé d’enfants qu’il essaime partout dans le monde et également sur toile ou autres supports. Ce voyageur impénitent continue d’intervenir régulièrement dans les rues parisiennes.
ZEVS, de son vrai nom Aguirre Schwarz, débute comme graffeur à Paris dans les années 90. Son pseudo rappelle le train qui a failli l'écraser alors qu'il réalisait un tag dans un tunnel du métro. À partir de 1998, il abandonne le graffiti traditionnel au profit d'un tracé à la peinture des ombres du mobilier urbain avant de se lancer, quelques années plus tard, dans le détournement visuel d'affiches publicitaires. À Berlin, en 2002, il prend en otage l'égérie des cafés Lavazza et kidnappe l'affiche de 10 m de haut. Après cette intervention, l'artiste commence à détourner les logos des grandes marques en les faisant dégouliner (les liquéfiant). Zevs est également connu pour ses oeuvres dites « proper graffiti » réalisées sur les murs sales de la ville. Il peint au karcher des messages invisibles à l'oeil nu que seule la lumière ultraviolette est capable de révéler. Il est représenté par la galerie Magda Danysz à Paris.
Les textes de ces biographies sont en partie inspirés des ouvrages parus en octobre 2022 aux éditions Alternatives : Le Rire urbain de Sophie Pujas et Capitale(s), 60 ans d’art urbain à Paris sous la direction de Magda Danysz.
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